Narcisse déjà regretté
Annoncé depuis plusieurs jours et officiel depuis quelques heures, le transfert, le plus cher de l'histoire (1,3 et 1,5 million d'euros), de Daniel Narcisse de Chambéry vers Kiel, où "Air France" est appelé à remplacer dans les coeurs des supporters allemands son compatriote Nikola Karabatic, constitue un évident coup dur porté à l'ambitieuse Ligue nationale de handball (LNH).
L'un (Karabatic à gauche) est de retour, l'autre (Narcisse à droite) est sur le départ... (Reuters)
C'était un 24 août. L'équipe de France de handball venait de décrocher le titre olympique à Pékin. Un exploit sur lequel la Ligue nationale de handball (LNH) comptait bien surfer pour démocratiser et développer un sport encore trop confidentiel à son goût. Deux objectifs étaient alors annoncés par Alain Smadja, l'ambitieux président de la LNH : que, d'ici les Jeux Olympiques de Londres, la D1 rivalise financièrement avec la Bundesliga et que tous les joueurs de l'équipe nationale appartiennent au championnat de France. Un an après, quasiment jour pour jour, cette dynamique, un temps éclairée par le retour dans nos frontières de Nikola Karabatic, le meilleur joueur au monde revenu cet été dans le cocon montpelliérain grâce notamment au soutien des collectivités locales, est ébranlée par l'annonce du départ de Daniel Narcisse qui fait le chemin inverse de son partenaire en équipe de France et rejoint Kiel, le géant de la Bundesliga, pour un transfert record estimé entre 1,3 et 1,5 million d'euros.
"Je suis convaincu qu'il était aussi temps pour moi d'aller chercher des titres. Nous avons fait un pas en arrière (...). J'ai attendu de voir ce qui allait se passer à l'intersaison. Le projet prenait du retard", expliquait, la semaine dernière dans les colonnes de L'Equipe, un Daniel Narcisse refroidi par les difficultés financières de son club, Chambéry, qui a perdu son sponsor titre cet été. Une décision qui, si elle a été acceptée par son entraîneur, Philippe Gardent, lequel rappelle que l'intéressé, "à bientôt 30 ans", a reçu "une proposition financière qu'il ne pouvait pas refuser", passe mal au sommet de la LNH à quelques jours de la conférence de presse de rentrée du championnat.
"C'est un traumatisme et c'est douloureux pour tout le monde"
"C'est un coup dur pour le Championnat de France ! Daniel Narcisse était l'une des trois-quatre grandes figures du Championnat. Dans toute évolution, il y a des temps forts et des paliers. 2009-2010 devait porter un grand coup d'accélérateur au Championnat avec, notamment, l'arrivée de Nikola Karabatic à Montpellier. Mais, avec le départ de Daniel, la fièvre va redescendre d'un cran malgré la présence de nombreux internationaux cette saison", regrette Alain Smadja dans un communiqué. Et ce dernier de s'interroger sur la pertinence de ce transfert : "La décision intervient trop tard : pratiquement à la fin de la préparation des équipes et de celle de la période des transferts. Cela a créé un trouble certain sur ce marché. Nous devrons prendre les mesures adéquates pour ne pas nous laisser parasiter par des intervenants dont les intérêts sont nettement éloignés de ceux de la Ligue !"
Moins polémique, Alain Poncet, le président du club du club chambérien, lui ne cache pas son amertume. "Je respecte ce choix, mais que je ne le partage pas en tant que président. Même s'il a été en permanence sollicité ces dernières saisons à Chambéry, son départ est un choc pour moi. C'est un traumatisme et c'est douloureux pour tout le monde", confie-t-il sans pouvoir s'empêcher de souhaiter à cet "enfant du club" de vivre une belle aventure dans son nouveau club. Avant de revenir à ses priorités: "Nous devons compléter notre équipe dans les prochains jours. Nous prendrons notre temps et nous ne céderons pas aux enchères car nous avons confiance en notre effectif pour prendre la place qui est la nôtre dans ce Championnat." Une place pour l'heure d'éternel dauphin de Montpellier qui ne satisfaisait visiblement plus Narcisse...
